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Au Tchad, le changement climatique a contraint les éleveurs à se déplacer vers le sud

Souvent classé comme l’un des pays les plus vulnérables au monde face au changement climatique, le Tchad subit de plein fouet le changement climatique et ses conséquences dramatiques sur les moyens de subsistance des populations. La ratification des ressources naturelles occasionne des conflits et des migrations.

La migration saisonnière vers le sud des pasteurs et de leur bétail dans le Sahel, traditionnellement pendant la saison sèche entre novembre et mai, a toujours causé des frictions avec les populations sédentaires locales qui dépendent des mêmes pâturages et puits utilisés par les éleveurs pour nourrir et abreuver leurs troupeaux.

Cependant, ces dernières années, l’impact du changement climatique a modifié complètement les schémas en place depuis de nombreuses générations, provoquant de nouvelles tensions. En l’espace d’une décennie seulement, les zones sèches du nord du Sahara et du centre du Tchad, enclavées, se sont étendues à environ 200 kilomètres vers le sud, réduisant les zones fertiles d’agriculture et de pâturage.

L’irrégularité des pluies a contraint les éleveurs pour la plupart Mbororo (Foulani, Peulh), Arabe, Gourane à se déplacer vers le sud de plus en plus tôt dans l’année, avec pour résultat que parfois leurs troupeaux arrivent avant que les agriculteurs locaux n’aient eu le temps de récolter leurs récoltes et gâcher le rendement. Ils ont aussi tendance à rester plus longtemps ou même de façon permanente, ce qui perturbe davantage l’équilibre délicat entre les différentes ethnies, modes de vie et moyens de subsistance du Tchad.

Alhadj Abakar Ibrahim, un éleveur de bétail basé à Maïmere, dans la province du Chari Baguirmi expliquant davantage pourquoi il migrait vers le sud du pays.

«Le niveau d’eau était trop bas dans quelques endroits où il était disponible. Pour accéder à l’eau, des ânes ou des chameaux ont été utilisés pour les obtenir. Malheureusement, ce qui sort sous forme d’eau est du sable avec peu de liquide planant dessus. Notre bétail boit du sable au lieu de l’eau.

Point d’eau de Maïmere/A. Foulaty

« Nous utilisons des ânes et des chevaux pour puiser l’eau du puits. Des cordes sont attachées aux chameaux pour qu’ils puisent l’eau. Un être humain ne peut pas le faire sauf si vous utilisez des chameaux ou des ânes pour puiser de l’eau. Du matin au soir, les animaux n’ont pas assez d’eau pour boire. Ils risquent même d’être contaminés et de mourir en buvant cette eau.

Un éleveur et ses troupeaux/ A. Foulaty

« Le bétail est un être vivant ; ils ne peuvent pas survivre sans eau. La plupart des endroits n’ont pas d’eau et c’est pourquoi la majorité des éleveurs se déplacent vers le sud où il y a beaucoup de végétation et d’eau.

La sécheresse: le cri d’alarme des éleveurs

Le déficit pluviométrique de l’année dernière a eu un impact défavorable sur le pâturage, occasionnant une transhumance inhabituelle forçant les éleveurs nomades à chercher les zones ayant plus de pâturages. Ces déplacements massifs ont provoqué ainsi un surpâturage, d’où la naissance subite de la famine et d’autres maladies animales.

Le chef des éleveurs de Guesker, Djibrine, craignait que leur entreprise soit confrontée à un défi de taille avec le changement climatique et puisse s’effondrer.

« Notre peuple est confronté à de sérieux problèmes de sécurité lorsqu’il se rend dans d’autres régions. Nous en avons fait tuer certains, notamment ceux qui se rendaient au sud du pays. »déplore-t-il

Abdelkerim Amir DJEROU, SG de l’ADEPSET, lance un cri de détresse au gouvernement et ses partenaires ainsi qu’aux bonnes volontés, pour la mise à la disposition des éleveurs, des nourritures des bétails et des médicaments vétérinaires pour pouvoir sauver la filière élevage.

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foulaty

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